Comité des jumelages
Talence-Alcalá de Henares
Jumelées pour rapprocher nos cultures
10 NOV 2014
Remise du titre de docteur Honoris causa de l’Université d’Alcalá de Henares au Professeur Joseph Pérez.
Rectorado de Alcalá 12h.
Le 7 NOV 2014
Au Forum des Arts et la Culture de Talence.
Les disparitions forcées en Argentine
au lendemain du coup d’État militaire de 1976.
Rencontre avec Vera Vigevani Jarach et Philippe Broussard :
Franca Jarach et Marie-Anne Erize, destins de « desaparecidas » sous la dictature Argentine (1976-1983).
La rencontre avec Vera Vigevani Jarach et Philippe Broussard, à l’initiative de l’association Notre Italie et en partenariat avec le Comité des Jumelages de Talence, a été un moment très émouvant et très digne, durant lequel l’auditoire du Forum des Arts de Talence a été captivé par les témoignages de la « madre » de la Place de Mai et du reporter engagé de l’Express. L’une mène un combat sans relâche pour retrouver sa fille disparue depuis 1976, l’autre poursuit la même quête de vérité afin que personne n’oublie les disparus de la dictature argentine.
A 84 ans, Vera Vigenavi reste d'une jeunesse incroyable. Elle a délivré des messages de tolérance, de démocratie, d'ouverture aux autres et de respect des différences. Elle a expliqué que le cas de sa fille Franca n’était pas unique. Plus d’une centaine d’élèves de 16 à 18 ans, du grand et prestigieux lycée de Buenos Aires, le Colegio Nacional, ont été kidnappés au lendemain du coup d’État militaire et ne sont jamais reparus. La fille de Vera était la déléguée de sa classe, une adolescente brillante qui
ne supportait pas les injustices. Sa disparition a été la répétition de l’histoire vécue par Vera dans son enfance, lorsqu’en 1939 elle a dû quitter l’Italie fasciste à cause de sa religion. C’est justement cette triste expérience de l’enfance, marquée par la mort du grand-père dans un camp de concentration en Pologne, qui lui a fait comprendre immédiatement le danger qui pesait sur son enfant. Vera nous mis en garde : l’histoire se répète et les atrocités humaines avec elle. Malgré toute sa détermination, un silence de plomb s’est imposé ; impossible de connaître la vérité. Les manifestations de la Place de Mai, aux côtés des autres mères, des « locas », Vera y a pris part, mais Franca n’est jamais reparue. Ce témoignage poignant, tenu dans un parfait français, a fait l’admiration du public qui remplissait la salle de conférences du Forum.
Philippe Broussard, auteur de La disparue de San Juan (2011), a ensuite expliqué son engagement au début des années 2000 pour retrouver la trace d’une autre jeune femme disparue, Marie-Anne Erize. Cette franco-argentine avait été élève du lycée Jean Mermoz de Buenos Aires, elle était mannequin, artiste et très engagée politiquement. Lors du coup d’Etat, elle est entrée dans la clandestinité, mais sa trace a été retrouvée par les mercenaires du régime alors qu’elle avait trouvé refuge dans une ville perdue des Andes. Elle est enlevée le 15 octobre 1976 à San Juan, jetée
dans une voiture, seules restaient alors une chaussure et une paire de lunettes sur la route et désormais un numéro de dossier judiciaire, le 6204. C’est avec ce peu d’éléments d’un des 30.000 puzzles brisés par la dictature argentine que Philipe Broussard va obstinément reconstruire la mémoire de la jeune femme. Son enquête terrible lèvera le voile sur la disparition de Marie-Anne, enlevée, violée, torturée et assassinée par ses tortionnaires. Philippe Broussard découvrira l’identité de l’un des bourreaux présumés, un ancien lieutenant devenu avocat, aujourd’hui écroué.
Pour conclure, le ministre argentin, conseiller des Droits de l’Homme, Mariano Simon Padros, a souligné le rôle joué par le gouvernement de son pays sous la présidence de Cristina Fernandez de Kirchner, afin de faire toute la lumière sur ce terrible passé et garder en mémoire le drame vécu par des milliers de compatriotes.
La rencontre, s'est terminée de manière plus légère avec quelques airs et pas de tango, autour d'un verre.
A lire :
BROUSSARD, Philippe, La disparue de San Juan : [Argentine, octobre 1976], Paris, Stock, 2011, (Coll. Les documents).
Evènement organisé par :
le Comité des jumelages
l'Association Notre Italie
la Librairie Georges
l'Association Tangueando